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« On savait qu’on allait se planter, il fallait que l’on vende » m’a raconté l’autre jour un ami, serial entrepreneur, à propos de l’une de ses anciennes entreprises. 

Pourtant quelques mois plus tôt tous les voyants étaient au vert, l’entreprise était en pleine croissance et rien ne semblait capable de l’arrêter…  

Comment peut-on passer aussi vite d’un extrême à un autre ? Y-a-t’ il des éléments que l’on peut anticiper pour éviter de se retrouver soudainement dans une situation très tendue parce que plusieurs clients décident de ne plus faire appel à nos services ou qu’un client arrête de nous payer ? 

La vie d’une entreprise est loin d’être un long fleuve tranquille et les conditions externes changent sans arrêt. 

Pourtant, même si nous n’avons pas de prise sur tout, il y a des axes sur lesquels nous pouvons travailler pour améliorer la résistance de notre entreprise et sa résilience en cas de revirement imprévu du marché ou pour faire face à une situation que l’on n’aurait même pas pu imaginer (comme l’arrivée d’une pandémie qui met toute l’économie à l’arrêt…). Les années 2020 n’ont certainement pas fini de nous challenger à ce sujet. 

  

 Toutes les entreprises ne sont pas outillées de la même manière pour affronter les tempêtes. J’ai pu le voir chez mes clients pendant la pandémie. 

Alors que certains, pourtant touchés par des fermetures obligatoires, ont su faire preuve de résilience et ont été assez peu affectés financièrement par la crise du COVID, d’autres qui ont pu continuer leur activité ont subi des problèmes en cascade qui ont fortement affaibli leur situation financière. 

Cela s’explique souvent par le type de gestion du dirigeant et son rapport aux finances de son entreprise. 

Pour réduire les risques de voir une entreprise qui va plutôt bien se retrouver dans le rouge, il est important de comprendre pourquoi les entreprises se « plantent ». 

  

Au cœur des problèmes des entreprises : La trésorerie

 

Lorsqu’une entreprise ne fonctionne pas, on a tendance à penser que c’est parce qu’elle ne fait pas suffisamment de chiffre d’affaires. 

Si des ventes insuffisantes sont l’une des causes du problème, elles sont rarement la seule. Les causes de difficultés sont généralement multiples et viennent s’additionner les unes aux autres créant des effets en cascade. 

En revanche tous ces éléments ont une conséquence principale : l’entreprise voit sa trésorerie diminuer considérablement. 

  

Dans le langage financier, une entreprise en difficulté est une entreprise en situation de cessation de paiement. Elle n’a plus suffisamment de liquidités pour rembourser ses dettes exigibles. Dans ce cas-là, elle va demander à être placée sous la protection du tribunal de commerce pour pouvoir relancer son activité. 

Avant d’en arriver à pareille situation, une entreprise passe généralement par différents stades : baisse de la trésorerie, recours à des solutions de court ou moyen terme pour améliorer la situation (affacturage, lignes de découvert bancaire, apport en compte courant du dirigeant voir diminution drastique de la rémunération du dirigeant…). 

Ces solutions ne sont pas toutes viables sur le long terme et ne viendront pas renforcer la capacité de l’entreprise à faire face si la situation perdure ou si elle vient à rencontrer un nouveau coup dur. 

C’est pour cela qu’il est important de bien comprendre le fonctionnement financier de son entreprise et de savoir en faire le diagnostic pour anticiper les difficultés et y remédier. 

  

Renforcer la trésorerie d’aujourd’hui… 

 

Le manque de trésorerie d’une entreprise peut être ponctuel, récurrent ou constant. Lorsque les problèmes de cash reviennent fréquemment, c’est souvent parce qu’ils ont une cause structurelle avec un bilan et une structure financière qui ne sont pas adaptés à la taille de l’entreprise. 

Le bilan est rarement un sujet d’attention pour les dirigeants de « petites entreprises » qui mettent, au mieux, leur attention sur le chiffre d’affaires et le compte de résultat. 

Pourtant le bilan a autant d’importance que le compte de résultat. Il représente son patrimoine et pour l’analyste financier, il est un bon outil pour mesurer la capacité de l’entreprise à absorber des chocs (liés à ses clients, son marché ou l’environnement extérieur…). Il serait donc souhaitable qu’il devienne aussi un élément d’attention pour les dirigeants ! 

Parmi les éléments du bilan, on trouve la trésorerie de l’entreprise. Cette dernière est la résultante de deux éléments : 

  • Le fonds de roulement de la société : L’argent dont elle dispose pour financer ses besoins de court terme 
  • Son besoin en fonds de roulement : L’argent nécessaire pour financer le décalage entre le moment où l’on paie ses dettes et le moment où l’on encaisse ses créances, clients principalement. 

Le fonds de roulement est composé du capital de l’entreprise mais aussi des réserves qui se sont constituées d’année en année et qui ont permis de renforcer les fonds propres de l’entreprise, des emprunts bancaires de long terme et il est minoré par les emplois à long terme comme les immobilisations (mobilier, immeubles, travaux…). 

Avoir un fonds de roulement élevé et largement excédentaire, c’est certainement ce qui a permis à mes clients qui n’ont eu aucune activité pendant les différents confinements de se maintenir à flot sans avoir besoin d’un PGE. 

Ils ont pu y parvenir car ce sont des entrepreneurs qui ont lancé leur entreprise avec un capital confortable et qui ne distribuent que très peu de dividendes à leurs actionnaires. 

A l’inverse ceux qui ont tendance à verser beaucoup de dividendes n’avaient pas de matelas pour amortir le choc lié à la pandémie sans faire appel à un PGE. Ce sont ces entreprises qui ont le plus souffert… 

Ces problèmes ont été encore accentués dans les entreprises qui ne sont pas rentables et ne sont pas en situation de constituer des réserves ou de distribuer des dividendes. Dans ces cas-là, il est important d’interroger les raisons qui causent le manque de rentabilité et de faire son diagnostic (je vous propose une méthode ici pour le faire). 

  

… Et prévoir celle de demain 

 

En plus de ces considérations, je vois encore beaucoup de dirigeants de TPE qui gèrent leurs dépenses en fonction du solde de leur compte en banque. Si ils ont suffisamment d’argent pour faire une dépense, il la font (sans considération pour leurs dettes auprès des organismes sociaux et de l’état la plupart du temps). 

Au cours de cette période de pandémie, nombreuses sont les entreprises qui n’ont pas payé tout ou partie de ce qu’elles devaient à l’URSSAF. Les fourmis ont mis ces sommes de côté en attendant de les régler, les cigales ont dépensé cet argent… 

Et nombreux sont ceux avec lesquels j’échange qui ne savent pas combien de dettes ils vont devoir rembourser dans les mois à venir. 

  

C’est surprenant mais cela peut arriver lorsque 100% de la comptabilité est déléguée à l’expert-comptable et qu’il n’y a aucun suivi financier en interne. 

L’expert-comptable n’est pas en charge de la gestion quotidienne de l’entreprise, il est indispensable pour chaque entreprise d’internaliser son suivi de gestion pour avoir une vision en temps réel sur son chiffre d’affaires, ses ventes et ses achats quelle que soit sa taille. 

Combien de dirigeants de petites et même moyennes entreprises ne savent pas s’ils vont finir sur un exercice bénéficiaire ou déficitaire plusieurs semaines après la fin de leur exercice fiscal… 

C’est important car cela permet de savoir estimer combien l’on a vraiment de trésorerie disponible et de ne pas engager de dépenses supérieures à ce que l’on peut se permettre. 

  

Réduire le stress de la trésorerie 

 

Pour réduire le stress lié au manque de trésorerie, il est donc important d’en faire un élément d’attention et d’éviter la politique de l’autruche. 

Cela passe par une analyse fine de la structure de votre bilan à la clôture de l’exercice mais aussi en cours d’année car le bilan comptable n’est pas toujours représentatif de la situation de votre entreprise au cours de l’année (notamment si vous avez une activité saisonnière avec un gros décalage entre les paiements aux fournisseurs et les ventes aux clients). 

Aussi il est important de suivre vos dettes en temps réel et d’avoir à minima un échéancier des montants que vous allez devoir payer à vos fournisseurs et à l’état dans les mois à venir. 

Enfin si tous ces éléments ne suffisent pas et que votre activité « brûle » plus de trésorerie qu’elle n’en génère, il est important de travailler sur votre rentabilité. Je vous propose quelques clés dans une autre article ici. 

 

Anne-Laure

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